Amiante : le point sur la situation de la tour Montparnasse

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Bâtiment emblématique de Paris, la Tour Montparnasse, au même titre que la faculté de Jussieu précédemment, incarne aujourd’hui la problématique de l’amiante dans toutes ses dimensions : maîtrise des risques d’exposition des personnels, maintien de l’activité pendant les opérations de désamiantage, financement des travaux, responsabilité des pouvoirs publics, des propriétaires, des syndics, des sociétés occupantes, etc.

Une succession d’événements alarmants…
Depuis novembre 2009, les locaux de la Tour Montparnasse font l’objet d’une surveillance permanente. Le dépassement du seuil réglementaire fixé à 5 fibres par litre d’air lors des mesures d’empoussièrement est fréquent avec un pic à près de 100 fibres enregistré en novembre 2012. Plusieurs sociétés ont alors déplacé leurs locaux et, début 2014, la région Île-de-France décidait finalement de déménager ses 200 agents de la Tour Montparnasse en raison du trop fort danger d’exposition à l’amiante.

Les différents rapports d’expertise ont démontré que la pollution à l’amiante dans la Tour Montparnasse trouve en grande partie son origine dans les travaux de désamiantage en cours depuis plusieurs années. D’après les experts, les moyens mis en œuvre pour ces interventions présentaient un certain nombre de lacunes. Mais ces travaux ne sont pas la seule cause de pollution. En effet, la propagation des fibres s’effectue également par la circulation des personnes mais surtout par le biais des colonnes d’aération, du système de ventilation et des nombreuses gaines qui mettent en communication les différents niveaux.

Au mois d’octobre 2014, une mesure d’empoussièrement au 6e sous-sol de la Tour Montparnasse a une nouvelle fois indiqué un dépassement du seuil réglementaire à plus de 15 fibres par litre d’air. Outre les problèmes d’exposition directe des occupants de cet étage se pose donc la question de la contamination des autres niveaux de la Tour. Un arrêté préfectoral daté du 13 août 2013 offre pourtant la possibilité d’ordonner l’évacuation des locaux en cas de dépassement du seuil réglementaire, sans toutefois préciser si cette disposition s’applique aux zones contaminées ou à l’ensemble du bâtiment. Si les locaux du 6e sous-sol ont été condamnés et des mesures d’évacuation des déchets prises, le préfet ne s’est pas encore prononcé sur les suites à donner.

…Mais des décisions qui tardent à être prises et des responsabilités loin d’être établies.
À plusieurs reprises, la préfecture a interpellé les copropriétaires (environ 300 sociétés, particuliers ou investisseurs) afin qu’ils prennent les mesures nécessaires pour garantir la sécurité des employés du bâtiment. Mais d’après eux, les salariés travaillant dans la Tour ne sont exposés à aucun risque sanitaire. Face à la succession de pics de pollution, le parquet de Paris a cependant décidé d’ouvrir une enquête judiciaire le 4 octobre 2013 pour mise en danger d’autrui et infraction à la réglementation du Code de travail relative à l'amiante. Elle a conduit au placement du syndic de la Tour Montparnasse sous le statut de témoin assisté.

Pour autant, la plupart des entreprises ainsi que le centre commercial n’ont pas quitté les lieux. Plus de 5 000 salariés sont donc encore très fortement exposés aux poussières d’amiante : les employés des sociétés occupantes de la Tour, mais plus encore les personnels en charge des travaux et de l’entretien fréquemment en contact avec les gaines du bâtiment. Une seule fibre d’amiante inhalée peut provoquer, des décennies plus tard, le développement d’un cancer du poumon ou de la plèvre. Les risques augmentent d’autant plus que l’exposition est forte et prolongée.

Il est donc fort probable que nous entendions encore parler pendant de longues années du problème de l’amiante dans la Tour Montparnasse et de ses conséquences sanitaires dramatiques !